Quelques mots sur l’autodéfense féministe
Prévenir les violences
L’autodéfense féministe est une méthode de prévention des violences. Se défendre, c’est bien plus que donner un coup bien placé ! C’est avant tout déconstruire nos peurs, s’autoriser à nous défendre, prendre conscience de nos forces, savoir repérer les mécanismes de domination en jeu ou encore développer des stratégies pour éviter la confrontation physique.
En effet, si la défense physique est un élément important, les ateliers se focalisent sur la manière de mettre un terme aux différentes formes de violences le plus tôt possible. Et, idéalement, avant qu’une intervention physique soit nécessaire.
L’autodéfense féministe s’inscrit dans une démarche d’empowerment (ou empouvoirement) : il s’agit de retrouver et développer ses capacités d’agir, d’augmenter ses possibilités de choix, de se solidariser entre personnes concernées.
Devenir plus fort.es, ensemble
En valorisant et en s’appuyant sur les ressources déjà existantes en chacun.e d’entre nous, l’autodéfense féministe cherche à développer nos possibilités d’action, individuelles et collectives. Ainsi, chaque atelier est différent en fonction des personnes qui le composent.
Il existe plusieurs courants au sein de l’autodéfense féministe (Wendo, Action, Fem Do Chi, Seito Boë, Riposte… ) selon les régions où les femmes pratiquent, mais tous partagent un objectif commun. Dans un espace de solidarité et de confiance, il s’agit de développer l’autonomie, la liberté et la confiance en soi de chacune.
Ainsi, l’autodéfense féministe cherche à être une méthode accessible à tou.tes les femmes, les adolescentes et les minorités de genre, et ce sans distinction d’âge, de poids, de taille, de condition physique, d’origine, d’appartenance religieuse ou d’orientation sexuelle.
Le choix de la mixité choisie
A Impact, nous proposons des stages en mixité choisie femmes et minorités de genre et/ou sexuelles. Le dispositif de mixité choisie est un outil pour nous. Il nous permet d’ouvrir un espace de parole et d’échange sur ce qui réunit les personnes à ce moment-là, leur vécu des violences psychologiques, physiques et/ ou sexuelles en tant que personnes socialisées et/ou perçues comme femmes ou ayant été socialisés comme femmes. Il s’agit de construire ensemble des stratégies afin d’y mettre fin ou d’y faire face. Les stages s’appuient sur des recherches en sciences sociales qui démontrent la réalité des violences que vivent les femmes au quotidien[1].
La mixité choisie est un espace-temps choisi entre personnes qui partagent certains traits sociaux (de genre[2], de race[3], de classe, de sexualité, …), pour faire ensemble, réfléchir ou discuter. Il s’agit de groupes de personnes discriminés ou dominés dans l’espace social. Le but étant d’échanger sur son vécu ou pratiquer ensemble afin de s’outiller pour revenir dans un espace mixte avec plus de force, d’affirmation et de confiance. Le but est l’égalité. Il s’agit d’un outil politique de lutte contre les discriminations qui s’inscrit dans une démarche d’empowerment.
L’empowerment est un outil qui permet « d’acquérir des capacités d’action à la fois personnelles et collectives, et de s’inscrire dans une perspective de changement social. »[4] « L’empowerment articule deux dimensions, celle du pouvoir, qui constitue la racine du mot, et celle du processus d’apprentissage pour y accéder. »
Selon nous, comme pour beaucoup, en préalable nous pouvons dire que les inégalités de genre, de race, de classe, etc… relèvent de l’organisation sociale. Elles font système[5]. Les responsables ne sont pas tout un chacun pris isolément, mais bien tout le monde en tant que groupe social. La structure sociale est concernée.
En situation de mixité, les rapports de domination sociale et les discriminations sont reproduits [6], les espace-temps de non-mixité choisie se proposent de donner une réponse.
[1] https://virage.site.ined.fr/
[2] « Le genre en sociologie désigne un rapport social et un processus de catégorisation qui peut se définir de la manière suivante : un système de bicatégorisation hiérarchisée entre les sexes (hommes/femmes) et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées (masculin/féminin). »
[3] La notion de race est employée en tant que construction sociale. La notion de race ne recouvre pas de réalité biologique. Dans une acceptation sociale, la race est l’aboutissement d’un processus d’altérisation et d’infériorisation d’un groupe social, auquel on attribue un ensemble de caractéristiques prétendument héréditaires.
[4] Bacqué Marie-Hélène, Biewener Carole, « L’empowerment, un nouveau vocabulaire pour parler de participation ? », Idées économiques et sociales, 2013/3 (N° 173), p. 25-32. URL : https://www.cairn.info/revue-idees-economiques-et-sociales-2013-3-page-25.htm
[5] Bihr, Alain, et Roland Pfefferkorn. « IV. La reproduction des inégalités », Alain Bihr éd., Le système des inégalités. La Découverte, 2008, pp. 78-102.
[6] Christine Delphy, « La non-mixité : une nécessité politique, Domination, ségrégation et auto-émancipation » Les mots sont importants, 24/11/2017. URL : https://lmsi.net/La-non-mixite-une-necessite